L'HISTOIRE DU NATURISME SUR L'ÎLE

L'ÎLE DU LEVANT

Gaston Durville (©wikipédia)

Gaston et André DURVILLE sont médecins. Ils ont créé l’Institut de médecine naturelle en 1919 qui devient l’institut naturiste avec 25 000 patients. Ils éditent également de nombreux livres (La cure naturiste et nombreux autres ouvrages) et une revue créée en 1923, LA VIE SAGE, puis une autre NATURISME en 1929, le grand hebdomadaire de la culture humaine.

En 1929, c’est l’ouverture de leur premier centre PHYSIOPOLIS sur une île de la Seine proche de Paris, l’île de Platais sur les communes de Villennes et de Médan, avec un village de tentes et des installations sportives.
Mais la proximité de Paris ne leur permet pas de mener à bien le projet d’un centre naturiste.
Il découvre alors qu’une partie d’une des îles d’Hyères, l’île du Levant, est à vendre.

Les Docteurs DURVILLE achètent les actions de la Société Immobilière des Iles d’Or début 1931. C’est la création du Centre naturiste international de l’Ile du Levant, cité naturiste d’Héliopolis.

Le 22 février 1932, un arrêté du Préfet approuve le projet de lotissement.

Le 29 juin 1932, dépôt en l’étude de Maître Picard, notaire à Paris des Statuts et du Cahier des Charges du futur Syndicat des propriétaires.

15 octobre 1934 publication légale dans La Vie Hyéroise des statuts du Syndicat.

22 novembre 1934 Dépôt des statuts du Syndicat à la préfecture du Var

La période des adeptes et des pionniers 1931-1944 :
Les premiers travaux sont gigantesques ; en effet, le seul port de l’île est le port de l’Avis situé à près de 3 km de l’entrée du Domaine. Il s’agit de construire une route puis ensuite un réseau de corniches desservant les futures parcelles. Ensuite, il faut acheminer tous les matériaux nécessaires.
Dès le début, sont proposés des tentes puis des bungalows rustiques de modèles différents ; les premières constructions voient le jour en 1932 : ce sont l’hôtel de l’île d’Or à l’entrée du domaine, la boulangerie et la Pomme d’Adam sur la place du village qui s’appelait à l’époque « Rond-point des Arbousiers ». Mais, très vite les propriétaires construisent des villas. Les Dr Durville pour leur part, aménagent la batterie des Arbousiers, dite Fort Napoléon pour en faire leur résidence.

Un véritable village émerge peu à peu du maquis avec sa petite mairie annexe, sa poste, son école, et même une jolie chapelle construite par les habitants dans les années 50.

L’île est louée à l’Etat français. Les estivants, après enregistrement, peuvent aller camper un peu partout sur l’île. Cela n’empêche pas la Marine de réactiver le champ de tir du Levant (de la mer vers la terre) et lors de ces tirs, un drapeau rouge est hissé à la Madone et l’accès vers l’est de l’île est interdit.
Les estivants participent à des séances de culture physique dirigée par Gaston ou André Durville sur la plage de Rioufrède, profitent du soleil et des baignades sur les autres plages de l’île ; Les plages de l’Ane, de l’Huile, des Grottes et du Titan. Les randonnées au phare dont le gardien fait table d’hôte font partie des promenades traditionnelles. Mariages et baptêmes font l’objet d’articles de presse

Et la nudité ?
L’île des nudistes, comme on l’appelle déjà dans les journaux les plus sérieux, n’est pas une île de nudistes. On porte peu, très peu de vêtements, on se baigne nu quand on peut échapper à la vigilance du garde.

Le nudisme est interdit par la loi. La revue NATURISME le rappelle fermement avant le début de l’été 1939. L’article précise que les plages sont toutes situées en dehors du Domaine d’Héliopolis. Le nudisme sur les plages est donc strictement prohibé. Pour se mettre nu au soleil, on choisit un endroit isolé et discret.
Pour les commerçants, globalement, le nudisme est une vilaine affaire qui leur fait du tort auprès de la clientèle des hôtels et des restaurants. On a installé, à l’entrée du village, des panneaux indiquant qu’il s’agit d’un domaine privé ouvert à un public respectueux de ses règlements.
L’arrêté municipal du 30 juin 1933 interdit le nudisme et le costume de bain hors des plages. Il est applicable au Levant comme partout sur la commune. C’est alors qu’est conçu et créé le minimum, un petit cache-sexe par Mme Druard (fondatrice avec son mari du Bazar), qui permet de parler de nudité par rapport à la nudité intégrale.

1978 – 2005 – 2016 : Par des arrêtés municipaux, la nudité est enfin la règle au bord de mer, tolérée partout ailleurs et interdite sur la zone portuaire.

Dès la fin de la guerre, les habitants reviennent et les activités reprennent, le port de l’Ayguade est aménagé et protégé par la mise en place d’une première épave, le Polyphème en 1948

Le naturisme levantin est relancé par une association en 1947, les Amis naturistes de l’Ile du Levant qui publient une revue jusqu’en 1956.
De nombreux commerces et des terrains de camping ouvrent et des maisons se construisent.
Des artistes, écrivains viennent régulièrement au Levant : Michel Simon, Madeleine Renaud et Jean-Louis Barreau, Jean-Albert Foëx, Michel Aubriant, Flore Rousseau, Annie Girardot, Jayne Mansfield, Rita Renoir, Georges Moustaki, Bernard Heuvelmans, Monique Watteau, Henri Vernes, Michel Aubriant, Errol Flynn.

La vie de village s’écoule avec ses activités festives comme l’élection annuelle de Miss Levant et ses différentes soirées à la Caravelle, aux Arbousiers, ses manifestations sportives (natation, canoës, volley-ball) et bien évidemment ses problèmes récurrents comme l’eau, l’assainissement, les chemins et les corniches, les constructions, le port…

1951 – 1960 : C’est l’installation du Centre d’essais d’engins spéciaux puis de Missile sur l’île du Levant. D’abord géré par la Marine, c’est la Direction Générale de l’Armement qui est aujourd’hui gestionnaire du site. L’accès à la plage de Rioufrède est restreint puis interdit. Une partie du domaine acquis par les Durville (derrière la Chapelle) est exproprié en 1960. Le Domaine d’Héliopolis est ce qu’il est aujourd’hui avec sa seule plage, la plage des Grottes.

1956 : un incendie se déclenche au camping des Grottes. C’est la fin du camping des Grottes. Le camping se poursuit ensuite chez les propriétaires.

André Durville (©wikipédia)

La modernité

1989 : Arrivée de l’électricité avec la pose d’un câble sous-marin alimentant Port Cros et le Levant. Cela change la vie levantine : Les groupes électrogènes bruyants et polluants disparaissent et résider à l’année devient plus facile.

1993 : Création de la Réserve volontaire des Arbousiers (20 ha) à la suite du rachat en 1984 par le Syndicat des Propriétaires des terrains situés au nord du Domaine à la SCI des Iles d’Or détenue par Jacques Durville (fils de Gaston Durville)

Extrait d’un texte provenant du site www.iledulevant.fr